Après une semaine riche en décisions de politique monétaire, les marchés naviguent à travers les incertitudes liées aux conséquences des multiples tensions internationales, notamment sur les prix du pétrole avec le conflit entre Israël et Iran.
Dans ce contexte, les investisseurs scruteront notamment dans les prochains jours le sommet de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) et l'audition du président de la Réserve fédérale américaine (Fed) devant le Congrès des Etats-Unis.
Tour d'horizon des perspectives de marché dans les jours à venir :
1/ L'OR NOIR IRANIEN
Les affrontements entre Israël et l'Iran, qui sont entrés dans leur deuxième semaine, font craindre un possible choc pétrolier alors que le prix du Brent LCOc1 a dépassé les 75 dollars le baril pour la première fois depuis janvier et que le pays exporte environ la moitié de sa production journalière de 3,3 millions de barils, selon les calculs de Reuters et de LSEG.
L'heure n'est pas à la panique pour autant puisque d'autres membres de l'Opep pourraient augmenter leur capacité pour combler le manque de production et couvrir les besoins avec 100 millions de barils consommés chaque jour dans le monde. Le plus inquiétant pour les marchés pourrait venir d'une volonté de bloquer le détroit d'Ormuz par lequel transite environ 20% de l'approvisionnement mondial en pétrole, bien que les analystes donnent peu de crédit à cette possibilité.
C'est dans ce contexte que les ministres européens des affaires étrangères doivent rencontrer vendredi leur homologue iranien pour tenter de ramener le pays sur le chemin de la diplomatie concernant son programme nucléaire, les Etats-Unis ayant évoqué "une forte possibilité de négociations" avec Téhéran.
2/ DÉPENSES CONSACRÉES A LA DÉFENSE
Le sommet de l'OTAN, qui se tiendra les 24 et 25 juin à La Haye, a la lourde mission de maintenir la cohésion entre les membres de l'alliance et de convenir d'un nouvel objectif de dépenses militaires sans être éclipsé par les tensions au Proche-Orient.
Mark Rutte, secrétaire général de l'Alliance atlantique, souhaite que tous les membres s'engagent à atteindre l'objectif proposé par le président Américain, qui a menacé de quitter l'OTAN autrement, d'augmenter la part des dépenses de chaque pays consacrée à la défense à 5% du Produit intérieur brut (PIB).
Pour ce faire, l'OTAN entend augmenter son objectif de dépenses dans la défense stricto sensu à 3,5% du PIB, contre 2% actuellement, et porter à 1,5% du PIB les dépenses liées à la sécurité au sens large, incluant la cybersécurité et même des dépenses d'infrastructure.
Si la Norvège s'est engagée à atteindre cet objectif, l'Espagne s'est déjà opposée publiquement à cette nouvelle limite, plusieurs pays parvenant déjà difficilement à atteindre l'objectif actuel de 2% du PIB consacré à la défense.
3/ POWELL DEVANT LE CONGRÈS
Jerome Powell, président de la FED auditionné par le Sénat américain et la Chambre des représentants mardi et mercredi, est attendu sur les perspectives de taux dans un contexte jugé inflationniste.
Après la réunion de la Fed en juin, le responsable de politique monétaire a prévenu que l'inflation devrait accélérer à mesure que les entreprises répercutent les conséquences de la politique commerciale de Donald Trump dans les prix. Sans les conséquences des tensions au Proche-Orient sur les prix du pétrole qui ne sont pas encore visibles.
La publication finale du PIB américain au titre du premier trimestre, attendue jeudi, devrait confirmer une contraction de l'économie américaine alors que l'inflation PCE pour le mois de mai, publiée vendredi, pourrait confirmer les anticipations de baisse des taux de la Fed pour le reste de l'année après le statu quo adopté en juin.
4/ TAUX AU JAPON
Après une forte hausse des rendements d'obligations d'Etat japonaises le mois dernier, la situation est revenue à la normale grâce à la révision des anticipations de baisse des taux de la Banque du Japon (BOJ) et un plan de réduction des émissions de titre à long terme du ministère des Finances.
Le ton "dovish" adopté par la BOJ a contribué à maintenir les rendements sous contrôle cette semaine, bien que le gouverneur Kazuo Ueda ait laissé la porte ouverte à un resserrement de la politique cette année en soulignant les risques liés à l'inflation.
Les données sur l'inflation, publiées le 27 juin, permettront aux investisseurs d'affiner leurs scénarios.
5/ DROITS DE DOUANE ET PMI
L'entrée en vigueur des droits de douane voulus par Donald Trump a eu beau soutenir mécaniquement l'activité économique à court terme avec la constitution de stocks par les entreprises, les conséquences sur la croissance mondiale commencent à se faire sentir.
Les investisseurs scruteront la publication lundi des PMI dans la zone euro, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis pour le mois de juin afin d'évaluer les premières conséquences de ces tensions commerciales.
En mai, l'indice composite est descendu de 50,4 à 50,2 sur un mois en zone euro, se rapprochant de la barre des 50 qui sépare contraction et expansion, alors que le secteur dominant des services est lui entré en territoire de contraction.
(Rédigé par Alden Bentley à New York, Kevin Buckland à Tokyo, Amanda Cooper et Lucy Raitano à Londres, Andrew Gray à Bruxelles, compilé par Dhara Ranasinghe ; graphes par Prinz Magtulis ; version française Bertrand De Meyer, édité par Jean-Stéphane Brosse)
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